Cloud computing : raisons pour lesquelles les utilisateurs se détournent

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Jeune femme frustrée au bureau devant son ordinateur

En 2023, plus de 60 % des entreprises ayant migré vers le cloud public ont signalé au moins une faille de sécurité majeure. Malgré des investissements massifs dans la cybersécurité, les incidents impliquant des données sensibles continuent d’augmenter.Certaines organisations reviennent à des solutions sur site ou hybrides, invoquant la difficulté à contrôler les accès et la dépendance envers des fournisseurs tiers. Des réglementations nationales plus strictes accentuent la pression sur les responsables informatiques, contraints de revoir leurs stratégies.

Le cloud public : promesses et désillusions

Le cloud computing a longtemps entretenu l’illusion d’une ressource sans bornes. Les géants du secteur tels qu’Amazon Web Services, Microsoft Azure ou Google Cloud Platform ont bâti leur domination sur la promesse d’une agilité multipliée et de dépenses réduites. Serveurs extensibles à la demande, services prêts à l’emploi, tout semblait accessible pour dynamiser les entreprises.

Mais une fois le saut franchi, de nombreuses sociétés réalisent que la flexibilité vantée par le cloud s’accompagne d’une nouvelle complexité. Passer par un fournisseur de services cloud implique de suivre ses méthodes, ses outils, et parfois de céder du terrain sur la souveraineté de ses propres ressources. La migration d’applications stratégiques ou de données hautement sensibles réclame une architecture pensée pour le métier, intégrant de surcroît les nouveaux cadres légaux. L’exemple de Dropbox, qui a rapatrié une partie de ses systèmes en interne pour mieux gérer ses coûts et l’emplacement physique de ses données, illustre bien cette tendance à la reconquête du contrôle.

Pour composer avec ces limites, plusieurs alternatives prennent de l’ampleur. Deux axes se démarquent aujourd’hui :

  • Le cloud hybride, qui associe services publics et infrastructures privées, permettant aux organisations de retenir la gouvernance sur leurs informations les plus critiques.
  • Des grandes entreprises comme General Motors se tournent vers ce modèle pour renforcer la protection de leurs actifs numériques, tout en conservant la capacité d’évoluer rapidement.

Le rêve de la puissance cloud à géométrie variable continue d’attirer, mais ceux qui s’y frottent découvrent vite l’impératif d’une gouvernance robuste et d’une gestion fine de la conformité. La sécurité, tout comme la maîtrise des budgets, reste le point de bascule où beaucoup déchantent.

Pourquoi la sécurité inquiète de plus en plus d’utilisateurs ?

La problématique de la sécurité cloud s’invite désormais au centre des choix stratégiques. Multiplication des incidents, sophistication croissante des attaques informatiques, et pression accrue des textes réglementaires remettent en question l’insouciance initiale. Les entreprises regardent désormais chaque engagement dans le cloud à travers le prisme du risque. La confidentialité des données n’a plus rien d’une certitude. Elle se construit sur un puzzle de responsabilités partagées, de solutions techniques, et de procédures souvent opaques pour les non-initiés.

La moindre faille dans la gestion des identités et des accès (IAM) peut suffire à ouvrir une brèche. Equifax, frappé de plein fouet par un piratage massif en raison d’une mauvaise gestion IAM, en reste une référence douloureuse. Capital One a vécu l’une des plus grosses fuites du secteur, conséquence d’une configuration de ressources mal maîtrisée. Pas même les leaders comme Tesla ou British Airways ne sont à l’abri ; l’ampleur de leur infrastructure complique la sécurisation à tous les étages.

Quelques failles ressortent des analyses récurrentes :

  • Application du chiffrement partielle ou négligée sur les données sensibles
  • Manque de surveillance continue dans les environnements cloud
  • Politiques de sauvegarde internes trop limitées ou imprécises

La dépendance technologique s’intensifie, les architectures deviennent de véritables labyrinthes et les menaces évoluent sans relâche. La gestion de la sécurité cloud ne se limite plus à placer un pare-feu ; elle réclame une vigilance de tous les instants et une gouvernance qui embrasse toute la chaîne de valeur.

Risques concrets : fuites de données, dépendance et conformité

Les événements récents renforcent la méfiance. Les décideurs comprennent, parfois à leurs dépens, à quel point les risques sont tangibles pour les utilisateurs du cloud computing. Des défaillances de configuration ou des politiques d’accès perméables ont coûté cher à Capital One, Equifax ou encore British Airways, avec des répercussions immédiates et durables sur leur réputation et leur performance.

Certains opérateurs, tels que Dropbox, ont choisi de réintégrer une partie de leur infrastructure pour mieux contrôler les ressources cloud et limiter leur vulnérabilité. À l’autre bout du spectre, des entreprises misent désormais clairement sur l’approche hybride, convaincues de tirer les avantages du cloud public tout en conservant une emprise sur leurs infrastructures critiques et leur conformité réglementaire, à l’image de General Motors.

Côté réglementation, la tension ne fait que croître. En Europe, le RGPD impose la localisation des données et des audits systématiques. Aux États-Unis, la CCPA porte l’attention sur la transparence et la réactivité en cas d’incident. Les conséquences se mesurent parfois en centaines de millions. L’amende record infligée à British Airways pour défaut de protection des données personnelles a servi d’électrochoc à tout un secteur. Les entreprises sont poussées à mettre en place des politiques de sécurité, de sauvegarde et de suivis plus stricts que jamais.

Les scénarios à surveiller sont multiples :

  • Cryptojacking avec introduction de logiciels malveillants consommant les ressources cloud
  • Fautes internes et négligences humaines, bien présentes dans les statistiques d’incidents
  • Attaques massives visant la stabilité des services via des DDoS dévastateurs

La vigilance permanente et le pilotage précis de la sécurité cloud ne se discutent plus : ils conditionnent désormais le socle numérique de toute organisation tournée vers le digital.

Homme pensif assis sur un canapé à la maison

Renforcer la sécurité de son cloud : conseils et pistes d’action

Dès lors que le cloud computing s’impose dans la stratégie d’une entreprise, il devient urgent de structurer la défense. Les menaces évoluent, les réponses aussi. La première ligne, c’est la gestion des identités et des accès (IAM) : préserver une politique restrictive, appliquer le principe du moindre privilège et exiger une authentification multifacteur pour tous les utilisateurs ouvrent déjà un mur face aux abus. Le revers d’Equifax montre ce que coûte la moindre faiblesse en IAM ; chaque erreur se paie rapidement.

Protéger les flux et le stockage passe par des mesures de chiffrement rigoureuses. Il ne s’agit plus de chiffrer uniquement les données stockées, mais celles en mouvement, avec des standards fiables. En complément, la mise en place de pare-feu adaptés et de systèmes avancés de détection d’intrusion multiplie les barrières face aux intrusions. Des plateformes d’analyse des journaux d’activité et une surveillance active à grande échelle, comme celles utilisées dans le secteur bancaire ou par des éditeurs de sécurité spécialisés, rendent la détection d’anomalies bien plus rapide.

La sauvegarde occupe également une place stratégique. Ransomwares ou pannes critiques imposent une politique de sauvegarde vraiment testée, documentée et actualisée. La formation régulière de toutes les équipes joue, quant à elle, un rôle irremplaçable : chaque employé sensibilisé réduit le risque d’incident d’origine humaine.

Voici les priorités à intégrer pour une protection efficace :

  • Adopter une solution de sécurité cloud native appropriée à chaque type d’environnement
  • Construire un plan de reprise solide, testé régulièrement pour garantir une continuité d’activité même en cas d’incident majeur
  • Tenir compte du modèle de responsabilité partagée : le périmètre de sécurité couvre à la fois ce que gère l’entreprise et ce que gère le fournisseur

Piloter la sécurité du cloud s’impose désormais comme un chantier permanent, véritable condition pour exploiter la valeur du numérique tout en conservant la confiance : perdre la maîtrise, c’est souvent perdre bien plus que des données. Forets numériques en expansion, menaces dans l’ombre et équilibre entre vitesse et contrôle : la résilience cloud s’écrit au présent, et la question n’est plus de savoir si un incident surviendra, mais quand.